Les contes d'un korrigan


Je suis humain

Longtemps, trop longtemps j'ai espéré. Espéré qu'un jour je me transformerai. Que tout ceci serait oublié et que je vivrai enfin pour de vrai. Finalement je me suis dit que c'était impossible et j'ai décidé de les combattre.
Chaque jour qui passe je sors la nuit pour les piéger et je les enferme dans une cellule où il y a un pieux à chaque fissures de mur. Tous les matins je diffuse une odeur d'ail, le sang que je leur fais boire est constitué d'eau bénite. Pour couronner le tout, j'ajoute des torches en feu, pour éclairer. Et bien sûr une fenêtre qui laisse entrer le soleil, je les entends. Ils crient. Un cri affreux, long, déchirant. Ils cognent contre la porte de leur cellule espérant qu'elle s'ouvre. Mais elle ne s'ouvre pas . Jamais. Le soir, alors que je reviens avec un autre vampire, j'enlève les cendres d'un coup de pied et je lance le nouvel arrivant. Cela fait plus de quarante ans que cela dure. Au début, aucuns ne me craignait mais au fil des disparitions, ils se sont doutés. C'était à prévoir. En quarante ans, j'ai du en attraper plus d'une cinquantaine. Un chiffre qui semble important, mais trop peu. Au commencement j'en prenais une dizaine par an, mais à présent je n'en attrape que un ou deux pour une même période. C'est dommage, j'aimais les entendre crier, cela me réconfortait. Je me sentais plus fort qu'eux. Aujourd'hui moins. Surtout en ce moment, ils m'ont battu. Pour le moment je n'ai pas peur, je ne me souviens pas avoir eu peur, même le jour où j'en ai vu un pour la première fois. J'avais douze ans je crois. Il était tard. Une heure où d'habitude tous les enfants dorment. Onze heure, minuit, une heure, je ne sais plus. Il est entré par la fenêtre, transformé en chauve-souris. J'ai suivi toute la transformation : de la bête au vampire. On aurait cru un film de magie. Il s'est approché de moi. J'ai fermé mes yeux. Il a rit et m'a dit :
- Je sais que tu m'as vu Walt
J'ai reconnu sa voix, c'était mon oncle Moti.
- C'est vous mon oncle ?
- Ah ! tu me reconnais, je suis un vampire mon garçon.
Je l'ai regardé bizarrement, comme si je ne comprenais pas, mais dans ma tête c'était clair. Il est vrai que j'avais imaginé ça dans mes délires les plus fous, j'osais a peine croire que c'était vrai. Il a repris :
- Tu sais Walt j'ai transformé ton père en vampire, tout à l'heure. Il est heureux maintenant. Il ne mourra pas du cancer.
J'étais heureux et malheureux. Heureux parce que mon père ne mourrait pas. Malheureux parce qu'il allait tuer et semer la mort autour de lui.
- Et mère ?
- Je ne lui ai rien fait, quant à toi, tu me sembles avoir un bon sang.
- Mais je ne veux pas mourir, ai-je hurlé.
Je n'ai rien pu dire d'autre il m'a mordu à pleine dents. Je suis tombé dans les pommes.

Je me suis réveillé un peu plus tard dans la nuit. Oncle Moti m'avait vidé de presque tout mon sang mais je vivais. Je me suis alors juré de me venger et de les combattre, de les tuer. Tous. Je ne suis jamais retourné à l'école, personne ne s'en est vraiment inquiété, à cette époque, c'était courant.
Au cours de mes recherches et rencontres j'ai pu apprendre toutes les techniques pour tuer les vampires : les pieux, la lumière, l'hostie… Et enfin lorsque ma mère est morte alors que j'avais seize ans, je suis passé à l'acte. Mais maintenant ils m'ont attrapé. Et maintenant c'est moi qui suis enfermé dans une cellule. Tout s'est passé lentement, ils m'ont laissé le temps d'agir pour mieux me cueillir :

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